Présentation du chat royal
Dans mon enfance, nous n'avons jamais eu d'animaux à la maison. "Trop de troubles", disait la reine mère. J'ai donc débuté mon apprivoisement de l'animal domestique avec l'Ex (l'Ex avec le "e" majuscule est mon ancien mari... pour m'avoir aimé pendant une décennie, il mérite la majuscule) et son vieux chien laid qui puait de la gueule. Lors de la cohabitation universitaire, nous avons acheté un chiot qui a vite été refilé au prince frère, car la belle Lily, mélange de poméranien et de chihuahua lui donnant un air de renard, jappait pour tout et pour rien. Une fois emménagés dans la maison #1, achat d'un cockatiel, une espèce de perruche avec une intelligence plus développée. Achat d'un deuxième cockatiel, car le premier s'ennuyait. Résultat : 2 oiseaux quémandant de l'attention de ses maitres. Lorsque la princesse de Rosemont a fait le choix de mettre fin à son couple, sa seule exigence a été que les oiseaux n'apparaissent pas dans sa colonne lors de la répartition des biens. Fin de l'introduction!
Alors, pendant deux ans, j'ai appris à vivre seule avec moi-même, fuyant toute responsabilité impliquante, ma vingtaine ayant été trop sérieuse et rangée. Je voulais pouvoir partir où bon me semblait, quand je le désirais. Un beau dimanche, mon amie la baronne du Sud-Ouest m'appelle et me propose un chaton (son baron du moment ayant une portée de chatons à se débarrasser de manière civile). Sans hésiter, et après vérification auprès du proprio de mon immeuble, j'accepte. Une décision sans réflexion, spontanée. Tout simplement parce que la solitude commençait sérieusement à me peser. Alors, me voilà donc à lire sur les chatons, à me faire exploiter par une animalerie et à acheter des produits pour accueillir le fameux chat.
26 décembre : j'accueille la bête chez moi. Je l'enferme dans une pièce afin de lui permettre d'apprivoiser son espace (et d'avoir moins de recoins à fouiller pour la retrouver). Et pourtant, elle a réussi à me faire paniquer en se cachant sous la bibliothèque. C'est à ce moment-là, après l'avoir cherchée pendant 30 minutes, que j'ai compris l'attachement que les gens pouvaient avoir pour leur animal. J'ai toujours trouvé ridicule que les animaux domestiques soient autant aimés par leurs maitres. Je ne comprenais pas le deuil et le chagrin liés à la perte de ceux-ci. Fort heureusement que le ridicule ne tue pas... car depuis maintenant presque 4 mois, je fais partie 
de ces gens. Ma Frimousse est MON BÉBÉ!!!!! J'ai passé des heures assise par terre à l'apprivoiser, à m'émerveiller de ses prouesses. J'ai accepté d'avoir les mains, les bras et le décolleté griffés le temps de son apprentissage du jeu.
Mademoisselle Frimousse est un chat très populaire. Aussi sociable que sa maîtresse, elle a été le clou des deux soirées mondaines ayant eu lieu dans notre palais. Plutôt que de se cacher comme le font la plupart des autres chats, elle préfère se promener autour de nous, s'asseoir sur une chaise à la table et nous regarder. 
Elle aime aussi montrer à quel point elle est énergique et dynamique aussitôt qu'un invité lui propose de jouer. Elle m'a fait également concurrence lors des rares fois où j'ai invité un homme à la maison, se frottant et se collant contre lui pour se faire caresser. Pfffffffffff! Elle qui est si indépendante avec moi!
Le chat royal est aussi gâté nutrionnellement parlant. Elle ne mange que des croquettes coutant 27$ le kilo. Mais bon, je me dis que j'éloigne le vétérinaire, que son poil est plus doux au toucher et qu'elle est pleine d'énergie grâce à cette nourriture.
Certains ne jurent que par l'intelligence supérieure des représentants de la race canine. Grâce à Frimousse, j'ai maintenant la preuve que les félins sont plutôt allumés. Par exemple, Frimousse était grimpée sur une étagère et miaulait. Je la croyais coincée là-haut et j'ai tenté de la descendre. Elle se poussait, continuant de miauler. Un peu plus tard, elle était sur le sol et miaulait toujours avec insistance, en regardant le plafond. C'est alors que j'ai apercu ce qui l'effrayait : une araignée! Aussitôt qu'elle a vu que j'avais compris son message, elle a cessé de miauler. Également, il lui arrive de me rapporter sa balle pour que je lui lance à nouveau. De plus, aucun nouvel objet n'entre dans le palais sans avoir subi un reniflement détaillé du museau royal très curieux.
Depuis trois semaines, je repousse le moment où je devrai stériliser le chat royal. Mon excuse du moment : ça coûte cher, je suis chômeuse, je le ferai lorsque j'aurai un emploi à nouveau. Mais en réalité, la simple idée d'être seule à la maison sans ce petit minet (qui se prend pour un gros félin), qui m'attend au tournant pour me sauter sur les mollets (une joueuse de tours!), qui saute sur mon lit dès que je suis réveillée pour recevoir son calin matinal, est impensable. Frimousse a bien rempli sa mission... elle brise ma solitude à la maison et m'a appris que je suis encore capable d'aimer, ainsi que d'être aimée, inconditionnellement.
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